Je suis retombée sur un petit texte que j'avais écrit, il y a pas mal de temps… Il n'est pas forcément des plus élaborés, mais… j'avais envie de le publier pour ne pas qu'il prenne la poussière dans mon disque dur. Je suis navrée pour l'étrange mise en page, et les points, mais je ne sais venir à bout de fictionpress, qui fait des cochonneries à chaque fois avec les interlignes, les paragraphes, et les alinéas! Si vous savez comment régler le problème, je suis preneuse!
Je ne sais pas s'il y aura une suite, cela dépendra de beaucoup de choses (ou juste de l'inspiration, en fait) mais dans tous les cas, je vous souhaite une bonne lecture, et pour le temps que vous m'accordez ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! )
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Le jazz est la révolte de l'émotion contre la répression. Joel A. Rogers
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La répression avait eu raison du moral des Parisiens. Tous, tous autant qu'ils étaient, tous autant qu'ils restaient, ne supportaient plus ce simulacre de paix, cette vie trop dure, trop pleine de contradictions. Les soldats allemands eux-mêmes semblaient sur le point de céder à l'envie de rendre les armes dans l'espoir d'approcher de la nourriture descente, de pouvoir aller danser, ou même sortir après le couvre-feu pour faire autre chose que patrouiller!
Mais les hauts dignitaires, qu'ils soient allemands ou non, ne l'entendaient pas ainsi, et tant que l'Europe entière ne se serait pas soumise, les rafles de juifs, de résistants et de suspects continueraient, pour le malheur de tous.
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Apollinaire était dans la résistance depuis ses seize ans. Cela paraissait jeune, mais tous l'étaient : la France avait trop besoin de bras pour lutter contre l'occupation pour que l'âge soit un réel handicap. Il avait commencé en tant que simple messager, remettant quelques messages codés entre personnel de moindre importance, et à ses heures perdues en tant que radio. Oh, pas un radio qui transmettait les messages importants à Londres, non, un auditeur qui, au fond d'une cave, écoutait les radios interdites pour consigner les informations que le gouvernement refusait de transmettre sur les ondes. Il en avait fait du chemin, depuis ce temps-là.
Pas le bon vieux temps, celui-là, il l'était avant la guerre, et il ne s'en souvenait qu'à peine, souvenirs décousus réels ou empruntés à d'autres. Non, le temps où il n'avait pas de responsabilités, le temps où il obéissait.
Aujourd'hui, à l'âge de vingt-trois ans, il occupait le poste de directeur de quelques branches -pas les plus importantes, tout de même- de la résistance. Remplacements au pied levé suite à quelques trahisons, ou plus fréquemment à cause de décès... il en était venu, de par sa discrétion et son efficacité, à occuper plus que temporairement des places qui n'auraient jamais du lui revenir. Mais ainsi était faite la vie, pleine de surprises, bonnes comme mauvaises.
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Avec un soupir, Apollinaire -de son vrai nom James- se redressa sur son lit, laissant ses mornes pensées de côté. Les dures journées de labeur, peuplées de rendez-vous dans des lieux toujours plus discrets, toujours plus sordides, ne lui faisaient pas peur, mais ces journées-ci, ennuyeuses et incertaines, lui faisait courir le frisson.
Il enjamba tout de même son lit de camp, affreusement inconfortable, mais pratique, et attrapa son costume de la veille, soigneusement plié sur une chaise défoncée. Le meublé qu'il louait pour la semaine était un véritable taudis, mais il avait vu bien pire, depuis ses seize ans, et il savait de toute façon qu'il n'y resterait pas. La vie d'un soldat de la paix se résumait à une suite de déménagements de meublés en meublés, sans affaires, sans valise. Ses souvenirs, ses photos, ses livres, tout était dans sa tête. Dans sa poche, il n'avait de place que pour son arme, et une capsule de poison. À cette pensée, il sourit. La mort ne l'avait jamais attiré: fils d'un riche diplomate, l'éducation religieuse et stricte qu'on lui avait offerte l'avait maintenu à l'écart des débordements dont faisait preuve nombre de ses condisciples et subordonnés, bercés par le mouvement surréaliste, par la roulette russe et par les drogues diverses. Mais tout avait changé: l'idée de pouvoir se supprimer avant de subir les humiliations et la torture des boches était devenu un réconfort, et la mort ne lui apparaissait même plus comme effrayante. Au contraire, elle était devenue presque réconfortante.
Sur ces sinistres pensées, il se planta devant le miroir piqué de rouille et entreprit de se raser. La barbe blonde qui lui mangeait parfois les joues restait toujours discrète, mais il ne la supportait pas, préférant présenter un visage des plus neutres, difficile à identifier, à mémoriser. Il savait se fondre dans la masse, et pourtant, sa beauté avait jadis charmé bien des jeunes filles et des jeunes hommes. Le front haut et fier, les pommettes impériales, ses traits d'aristocrates anglais et ses yeux d'un bleu étincelant charmaient, quoi qu'il fasse. Aujourd'hui encore, malgré une certaine maigreur due aux privations, il savait qu'il pouvait plaire encore, malgré le fait qu'il parvienne sans problème à devenir une ombre dont seul le nom d'emprunt restait... et ce soir, il allait le prouver, malgré le danger que cela représentait, malgré les risques de se faire prendre.
Il allait plaire, bien que la première règle de la résistance soit de considérer les femmes comme le serpent prêt à offrir la pomme empoisonnée: qu'à cela ne tienne, il sortirait, et ce ne serait pas une femme, qui l'inviterait dans son lit, mais un homme.
Heureux de la soirée à venir, il envoya un sourire triomphant à son reflet tacheté, et déposa, en prévision de celle-ci, un de ses anciens costumes, sauvé des griffes des mercantiles: un beau trois-pièces de la meilleure qualité, à la coupe impeccable propre au sur-mesure.
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La journée passa à une vitesse correcte, tendant à s'étioler dans le temps, rendant le jeune homme un peu plus nerveux. Il alla voir quelques indics, un petit radio, guère plus âgé qu'il ne l'était lorsque ce poste était le sien, plus par nostalgie que par réel devoir, et enchaîna quelques rendez-vous pour élaborer un plan dans l'optique de faire sauter un train de ravitaillement. Les denrées seraient perdues, mais mieux valaient les voir partir en cendres que partir pour l'Allemagne.
Sous les coups de dix-neuf heures, il rentra enfin dans son bouge, et se dévêtit rapidement pour entrer dans la petite baignoire de faïence. Quelques-uns de ses plus proches collègues, des amis, presque, lui avaient mainte fois proposé de goûter aux joies d'un vrai bain, avec l'eau courante et chaude, mais il ne pouvait s'y résoudre: il vivait par lui même, chichement, mais ne mettait ainsi personne en danger. Tant qu'il resterait une ombre, personne ne craindrait rien. Il observa quelques instants son corps dévêtu et soupira. Les abdominaux étaient marqués, ses muscles finement taillés par des heures de marches dans les rues de Paris, par des courses poursuites, des attentats, et il ne savait quoi d'autre, mais il restait désespérément glabre, et sec. Il n'était pas bien grand, et l'air renfrogné qu'il devait prendre pour paraître plus âgé ne lui seyait malheureusement pas. Mais ce soir, il allait devoir se montrer jovial à nouveau, réapprendre à sourire. Cette simple pensée, combinée à l'eau gelée qu'il déversa sur son corps pour faire mousser le savon à la rose -obtenu au marché noir- lui arracha une grimace.
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Trente minutes plus tard, la métamorphose était saisissante: dans son costume, légèrement trop grand à présent, ses boucles blondes peignées et coiffées d'un chapeau piqué d'une discrète plume, hommage aux zazous, les traits détendus et l'air dégagé, il était James, et non plus Apollinaire, et le poids des années de guerre semblait s'être évaporé.
Le dîné, dans un petit restaurant "d'avant-guerre" -c'est à dire qui revendait à prix d'or des marchandises de contrebande- fut expédié, et il mangea sur le pouce ses pommes de terre rissolées et son steak de mauvaise viande. Le dessert, un assortiment de bonbons comme on en mangeait dans son enfance lui remit du baume au cœur, et valait bien, se dit-il en sortant, la somme faramineuse déboursée pour de la mauvaise cuisine. Pas d'alcool, avait-il décidé: il aurait tout le loisir de boire par la suite. À vingt et une heures, il se dirigea alors vers le club illégal qu'on lui avait recommandé. La prohibition interdisait la danse, la musique, la radio, et ne parlons pas du jazz, mais ce soir, ce soir tous les interdits seraient bravés. La résistance aidait à la libération, et la liberté, elle, avait ce soir des airs de Goodman.
Lorsqu'il arriva, cigare au bec, devant l'imposant hôtel particulier place de la Concorde, bâtisse aussi peu discrète que possible, et qu'il franchit le seuil de la porte que lui avait ouvert un majordome aussi guindé que celui qui travaillait jadis pour ses parents, son rictus forcé fondit pour laisser place à un véritable sourire, creusant des fossettes dont il avait oublié jusqu'à l'existence. C'est transporté qu'il allât s'accouder au bar pour se saouler au champagne: ce soir s'annonçait sous les meilleurs auspices, c'était sur des airs endiablés de trompette et de contrebasse, accompagné d'une voix rauque de trop d'alcool et de cigarette, que dansaient les gens sur la piste de danse.
Un verre plus tard, payé au prix du pétrole, il alla bientôt les rejoindre, charmeur, désinhibé. Virevoltant sur la piste de danse, l'alcool et l'euphorie lui firent bientôt tout oublier, et il ne se sentit même pas gêné lorsqu'un bel homme vint le faire tournoyer comme on l'aurait fait avec une femme. L'air noble et guindé, le type était plus grand d'à peu près une tête de plus que lui, et ses yeux verts, acérés, ne le lâchaient pas, l'embrasant. Les attentions ne laissaient guère place au doute, tout comme le regard rapace qui le couvait, mais il n'en prenait pas ombrage. Ce soir, il n'avait guère envie de s'encombrer de charme et de minauderie, le temps ne se prêtait pas à de pareilles choses, et le charme de l'homme lui fit vite oublier toute intention de s'offusquer d'être ainsi courtisé.
Ils dansèrent ensemble sur des airs de jazz effrénés que James n'avait plus entendus depuis que, de temps en temps et toujours en douce, il trafiquait la radio dont il surveillait les programmes pour mettre une émission musicale.
Deux heures plus tard, et quelques verres dans le nez, il ne pouvait détacher son regard de celui de l'homme, incapable de ne pas remarquer le charme de plus en plus poussé qu'il lui faisait ouvertement, ni de ne pas s'en sentir flatté. Le brun ne semblait pas d'ici. Un tzigane, peut être, mais son allure sauvage, son visage taillé à la serpe, intouché par la guerre, par la privation, rasé de près, son odeur, mélange de musc et de parfum coûteux, mais subtil, boisé, tout lui tournait la tête, et c'est avec plaisir qu'il le suivit une nouvelle fois au bar, les deux heures du matin ayant sonnées depuis quelque temps déjà.
- Puis je vous offrir un verre? le questionna l'inconnu avec un fort accent que le résistant ne reconnut pas, ne voulut reconnaître. Une question que l'on posait aux femmes, d'ordinaire, une question que James posait, d'habitude, mais ce soir, ce soir il était prêt à être libre, à embrasser les interdits. Avec un franc sourire qui rendit son visage charmant et lui enleva une ou deux années, il hocha la tête, les joues rouges et le cœur battant.
- Avec plaisir! Champagne! rit il, euphorique.
Le brun le fixa, commandant une bouteille, et se tourna bientôt vers le barman.
- Je suis un ami de la famille, Rousseau et sa femme sont en voyage, n'est-ce pas? La chambre d'ami et son salon sont donc inoccupés? Merci de nous montrer le chemin, et d'emporter avec vous une bouteille de plus. Commanda l'homme.
Du haut gratin, songea distraitement James. S'il avait été Apollinaire, il se serait interrogé sur l'identité de la personne qui était assez haut placée pour connaître l'organisateur de ces soirées illégales qui lui auraient valu d'être déporté, mais surtout de s'approprier une chambre -sans son accord, qui plus est- et de se comporter comme si quelque chose lui était dû. Mais il n'était que James, ce soir, un jeune homme rêvant de séduire, d'être séduit, et sachant assez fragmenter sa vie pour ne pas risquer d'avoir la langue déliée par l'alcool. Il se laissa guider sans rechigner jusqu'à l'étage, et approuva le choix de la pièce, petit salon parisien dans les tons crème et rouge, chaleureux et bourgeois, en se laissant tomber sur une causeuse.
Un verre de plus, et le brun s'était rapproché de lui, discutant de tout et de rien, de jazz, de danse, d'alcool.
Un autre, et une main vint se poser sur sa joue rougie.
Un dernier, et l'étranger prenait possession de sa bouche, sans timidité, sans faux semblants.
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James soupira contre les lèvres douces et intransigeantes du brun, ouvrant les siennes pour l'inciter à approfondir le baiser, soupirant doucement contre lui, réclamant plus. Cela faisait si longtemps... Avec une femme, avec un homme, qu'importait même le rôle qu'il occuperait, tant que le plaisir noyait la guerre, noyait la souffrance, la privation. Tirant sur la chemise de SON étranger, il se défit prestement de sa veste, de son veston et de sa chemise, froissant le tout et les envoya valser sur l'épais tapis crème. Se renfonçant contre le canapé, il ouvrit tranquillement les boutons de son pantalon, un sourire cruel, aguicheur aux lèvres. Il avait retrouvé le goût de charmer, et l'homme ne résisterait pas, il le savait. Comme pour lui donner raison, l'autre arracha sa chemise et repris ses lèvres, glissant une main joueuse contre le corps trop mince et trop musclé d'Apollinaire. Il pinça un mamelon, glissa une langue taquine dans le cou du plus petit, et mordit. Fort, brusquement, arrachant un cri au blond qui sentit son érection, éveillée depuis quelque temps, se tendre un peu plus.
Le manège se poursuivit: coups de langue, baisés divins sur les lèves, et morsures douloureuses. James avait le cœur chaviré, les reins en feu, mais l'autre ne voulait accéder à sa requête avant qu'il ne soit suppliant, avant qu'il ne l'en conjure. Et c'est ce que le résistant fit. S'accrochant à la chemise ouverte de l'homme, il plongea son regard embrumé dans le vert des yeux de son compagnon et lui sourit, approchant ses lèvres rougies de baisers vers l'oreille de l'autre. "Plus..." chuchota-t-il. "Prends-moi!"
Dans la seconde qui suivit, il se retrouva perché sur une épaule dure et musclée, et jeté sur un lit à baldaquin aux draps doux et propres, luxe qu'il ne connaissait plus. Se prélassant quelques instants, il écarta les jambes en une invitation silencieuse, mais son amant d'un soir ne l'entendait pas de cette oreille. Le rythme jusqu'alors empressé ralentit, à la manière d'un jazz à la Fitzgerald, et le brun avança vers lui jusqu'à le dominer. Défaisant doucement les boutons de son pantalon à pince déformé par une belle érection, il fit se relever James à genoux, et vint mordiller de nouveau son coup, glissant un "Vlad" à son oreille. Le jeune homme, l'esprit ailleurs, ne comprit que quelques instants après qu'il s'agissait d'un nom, et il gémit un "James" langoureux.
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Le dénommé Vlad le ré entraîna sur les draps, restant à genoux, et le blond compris le message. Rampant, il aida l'homme à se défaire de ce bas seyant, mais bien trop encombrant, et attrapa bien vite l'objet vers lequel ses intentions peu louables se portaient. D'un coup de langue, il fit frémir l'homme, qui avala une gorgée de la bouteille qu'il avait pris soin d'apporter, avant d'attraper sans douceur le plus jeune par le cou pour l'embrasser, partageant l'alcool pétillant. Le guidant rapidement vers son sexe, il l'incita d'une pression à le prendre en bouche, et James s'y attela avec plaisir. Alternant coups de langue et sussions, il grimaça néanmoins bien vite, cachant son trouble: cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus pratiqué, et sa technique, déjà rouillée, n'était pas améliorée par son ébriété! Vlad sembla le comprendre, puisqu'il le redressa légèrement, glissant un doigt entre ses lèvres rouges, et plongea d'un coup de bassin dans cette bouche accueillante. Le blond le laissa faire, poupée gémissante contre l'érection de l'homme, se tendant seulement lorsque celui-ci poussait un peu trop loin, lui coupant la respiration. Mais la vue de celui-ci, le dominant dans cette chambre luxueuse, son sexe dans sa bouche, son corps fort, musclé au dessus de lui sur lequel quelques gouttes de sueur et de champagne s'égaraient, sournoises et tentatrices... Lorsque James n'y tint plus et glissa une main jusqu'à son propre vit, l'homme le repoussa, le laissant pantelant sur la soie bleue.
Il se glissa entre ses cuisses, lui retira promptement son pantalon de costume et sourit, machiavélique, faisant déglutir d'appréhension le plus jeune. La bouteille de champagne revint dans ses mains, il en prit une gorgée, avant de faire boire James, et lui sourit de nouveau, versant la boisson froide sur l'érection brulante de ce dernier, qui jappât de surprise, de plaisir, de douleur, il n'en savait trop rien. La réponse lui fut apportée lorsque l'homme enserra celle-ci dans une main, venant taquiner du bout de ses doigts mouillés d'alcool l'arrière-train du blond, qui gémit, perdu. Vlad ne fut pas doux. Immisçant un doigt entre les fesses blanches et musclées de son amant, il ne se soucia pas de l'inconfort de celui-ci, travaillant sa chair, l'étirant, le faisant gémir d'inconfort, de plaisir... Lors que le regard bleu se voilà et qu'un gémissement plus long, plus chaud perça le silence de la chambre, il ajouta un second doigt, ignorant une nouvelle fois la grimace de douleur de l'homme. James grimaça une nouvelle fois lorsqu'un troisième doigt l'étira et avança une main suppliante vers la joue de son bourreau qui le faisait osciller ainsi entre douleur et plaisir.
- Attends... Attends... Doucement, ça fait longtemps. Expliqua-t-il, se détendant déjà sous les doigts habiles qui raffermirent leur prise sur son érection.
Un cri lui échappa lorsqu'en lui, les doigts frôlèrent un point sensible.
Une nuée de suppliques franchit ses lèvres lorsque ce point fut titillé, sans relâche, sans pitié, lui faisant perdre la tête, le faisant écarter un peu plus les cuisses, sans honte, sans pudeur.
Vlad revint l'embrasser, brutalement, avec hargne et désir, incapable de se contrôler, mais James accueillit avec plaisir cette bestialité, se retrouvant bientôt à le chevaucher, guidant son membre entre sa chair, l'imposante érection l'écartelant, mélange de douleur et de plaisir, brûlant, insupportable.
Les mouvements s'intensifièrent, le jeune homme montant et descendant sans honte, enserrant lui même d'une main son érection, sentant la jouissance proche, si proche... Avec un gémissement bruyant, rauque, il se rependit contre le ventre du brun, essoufflé et comblé.
La suite lui apparut comme au travers d'une brume faite de plaisir, de fatigue et d'alcool. Vlad le retourna sur le ventre, surélevant ses fesses à l'aide d'un confortable coussin qu'il souilla sans vergogne, et le prit ainsi, brutalement, embrassant son dos et sa nuque mouillée de sueur de baisers brulants, délicieux qui ne lui arrachèrent des soupirs fatigués. La jouissance le faucha une seconde fois sans qu'il ne s'y attende, alors que le brun s'y laissait aller aussi, et il restèrent pantelants, épuisés dans ces draps accueillants.
"Tant pis, pour une fois, je passerai la nuit avec mon amant." Songèrent-ils, l'un comme l'autre.
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Ce fut une insulte en allemand qui tira Apollinaire du sommeil. La nuit avait été rude, entrecoupée de baisers, de "baise", car qu'était-ce d'autre? Et de sommeil, par intermittence, et il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'il se passait, sa gueule de bois martelant son crâne.
Lorsqu'il comprit, l'horreur le figea. En face de lui, Vlad, en habit de haut gradé allemand, tenait entre ses mains la veste de James... Le révolver d'Apollinaire. La capsule ne laissait aucun doute quant à son emploi, et le blond sentit le dégoût d'avoir offert son corps à un boche lui remonter dans la gorge. Vlad semblait lointain, le fixant intensément. La veste n'était plus dans ses mains, mais sur le lit, et il tenait toujours l'arme... Apollinaire n'hésita pas, faisant fie des traces de morsures, de celles suspectes qui maculaient son ventre et l'intérieur de ses cuisses, et de suçons qui le couvraient. Il attrapa d'un geste ses affaires, et se redressa, avisant la fenêtre. Ils n'étaient qu'au premier, l'appartement était plus massif que haut, il avait ses chances, et s'il s'enfuyait, l'autre tirerait, l'abattrait… Du moins il l'espérait. Attrapant une lourde lampe, il l'envoya dans la fenêtre, brisant le carreau, et passa à travers, tombant lourdement dans le jardin aménagé de leurs hôtes. Il enfila à la va-vite pantalon et veste, cachant ses coupures, et pria pour que Lorène, une indic qui habitait non loin de là, ai des chaussures à lui prêter, elle qui trafiquait un peu. Mais sa fuite ne se fit pas sans un regard en arrière... En sautant le portillon, il observa la fenêtre, et cru y voir son amant maudit.
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Vlad, un sourire sur les lèvres, jeta le pistolet sur le lit. La chasse pouvait commencer, et il prendrait grand plaisir à pourchasser ce jeune homme, maintenant qu'il avait une bonne raison de le revoir.