Bon ! La troisième sera la bonne ! Après avoir corrigé grâce à mon nouveau meilleur ami nommé Antidote je pense être un peu moins catastrophiques sur les fautes d'orthographes. Le seul souci c'est qu'il veut me mettre "Tartare" en majuscule donc peut-être que c'est sacré dans certaines régions, j'en sais rien ^^.

Bonne lecture et comme d'habitude les personnages m'appartiennent, bonne relecture et désolé d'avoir lâché un texte bourré de bourdes même s'il doit en rester. à plus !


Prologue : Monde d'acier

Le lourd fracas du train le réveillait à heures régulières, telle une pendule maléfique. Le paysage semblait se répéter à l'infini donnant un air de va-et-vient hypnotique et entêtant. Dans cette rame dormait l'envie de centaines d'élèves, leur besoin de devenir quelqu'un dans ce monde. Même si un d'entre eux ne souhaitait qu'une vie tranquille. Châtain sombre aux reflets ocre, une taille que les exigeants trouveraient petite même si pour un optimiste il frôlait le modeste. L'air pâle du nord couplé à un maladif cause des nombreux voyages.

D'apparence il faisait petite frappe ce qu'il était totalement. Son admission à l'académie Damibura s'était faite sans réfléchir. Un soldat de l'unité des sciences Ramizelien avait signifié sa particularité aux autorités ce qui lui valut un entretien avec un chef d'armée. Ce dernier avait de suite découvert son potentiel latent et l'avait même fait passer par le sacro-saint billet de l'admission forcée via un certain général. En prime, le gouvernement avait la bonne idée de fournir une rente mensuelle aux pupilles de l'État, en soi cracher sur cent Limu d'argent était non négligeable.

Autant dire que la décision fut prise sans vraiment y réfléchir. Le cursus durait près de cinq ans avec à la clé un billet pour les maisons les plus riches, les entreprises les plus influentes. Car, Damibura était connu pour son enseignement militaire, mais également pour ses cursus littéraires, musicaux et autant d'étiquette qui lui rendait un nom d'académie couteau suisse. Malheureusement, pour poursuivre une licence de « main » il fallait traverser la première année uniquement militaire.

Zeki quant à lui visait une licence de verrier ou de potier, un travail d'orfèvre dû à un grand-père artisan et proche de lui. Il lui avait appris à fabriquer ses propres statuettes d'un morceau de bois. À sculpter un pan de cristal avec un burin qui fut à la fois l'expérience la plus incroyable et terrifiant du jeune homme. Le châtain adorait sa famille et la rente mensuelle proposait allait le sauver de bien des tracas.

En prime cent pièces d'argent revenaient à deux mois de travail à la mine. Pourquoi refuser une future place dans la société et couvrir sa famille sous l'or ? Avoir de l'argent de poche, être logé, nourri et blanchi ? C'était au-dessus du bien, c'était merveilleux.

Alors, il pouvait supporter le malaise du train pour son futur. Ce dernier était globalement vide, pourtant la cérémonie d'entrée devait se dérouler durant la journée. Sortir de Flimo pour gagner l'académie lui avait pris trois bonnes heures de route plus plusieurs autres de son village à la capitale du nord Ramizel. Heureusement la cérémonie n'aurait lieu qu'aux environs du déjeuner, la matinée étant réservée à la présentation des chambres.

Damibura se trouvait sur une zone extérieure de Delpi, proche de plusieurs frontières, appartenant à chacun et à personne. Une ville s'était formée aux abords nommés sobrement Dami, proposant des produits de toutes sortes aux élèves résidents.

Le cursus de cette école était réputé pour une chose, le DAE, un Dispositif d'Augmentation de l'Éther, car, le but d'une éducation militaire était certes d'augmenter le physique, mais également de fournir ce que les nobles appelaient la noble essence.

L'éther.

Chaque être humain en possédait une partie, bien souvent minime et incapable de se déployer d'elle-même. Ces dispositifs permettaient de développer cette énergie et de découvrir. La manipulation d'éther. Certains arrivaient à la transformer en foudre, en eau, chaque chose était éther et ainsi le modifier, c'était en cela que l'enseignement de cette école permettait d'intégrer l'élite. Peu pouvaient se vanter d'être des apprentis mages où même posséder un DAE de piètre qualité.

« Dami, deux minutes d'arrêt, Dami »

-Enfin, souffla le jeune en prenant sa valise d'une main.

Il s'approcha de la sortie, curieux de voir des élèves portant des uniformes comme le sien. En lorgnant sur l'étiquette du wagon, il eut une révélation.

« Première classe »

C'était logique qu'en seconde et surtout avec une école où quatre-vingt-dix pour cent des élèves venaient de la noblesse il ne trouve personne avec le « bas peuple ». Pestant contre lui-même il recadra sa tenue taillée sur mesure.

Un boléro bleu encre couplé à un pantalon en feutre sombre, le tout assortit avec des chaussures « étouffantes » d'après Zeki et vous obtenez la tenue d'été de l'académie militaire. L'école avait envoyé le tout deux jours avant l'entrée et heureusement le modèle petite taille lui allait bien. Elle renforçait son côté d'écureuil fouineur, sa tête agréable qui ne trahissait aucune méchanceté.

Malgré son côté abordable, le jeune homme n'observa pas ses comparses, trop occupé à tenir sa valise fermement. Le paysage de verdure changea pour une immense gare d'acier et de métal. Les portes s'ouvrirent et rapidement il sortit, profitant d'air frais. Son train n'était pas vraiment chargé en élève, venant du nord et à un horaire peu avantageux. Un pays assez pauvre excepté pour son minerai et ses bois immenses qui servaient à alimenter les usines à charbons des contrées voisines.

Zeki souffla de nouveau avant de se mettre en marche, gagnant avec un pas déterminé l'escalier qui menait à la rambarde principale. Une fois grimpé il observa le décor, la gare devait compter huit rames et plusieurs embranchements pour le continent entier. L'odeur d'huile et de charbon lui rappela sa maison en moindre mesure. L'écureuil continua son chemin, traçant à travers un large couloir adjacent à la balustrade.

L'endroit était bien entretenu, le pavé frôlait l'impeccable, les murs étincelaient de propreté. Tout avait été astiqué pour plaire aux bobos de noble. Le couloir cessa pour dévoiler un accueil chaleureux où il dut traverser une légère barrière de métal.

Un tableau affichait une liste incroyable de destinations avec différents prix et une colonne nommée « Tarif étudiant ». Il put constater qu'un trajet pour Ramizel ne lui coûterait qu'un Limu d'argent soit sept de moins que le tarif habituel.

Une double porte menait vers l'extérieur, curieux de découvrir son Nouveau Monde il ouvrit, tombant sur plusieurs groupes d'élèves régit par différents adultes. La ville semblait ne vivre que par son académie, Zeki compta plusieurs boutiques, des restaurants, des librairies et même un disquaire dans un coin. Il observa également un immense garage vomissant des derniers modèles de véhicules à éther.

-Tu es assigné à quelle classe ? lança un des adultes en s'approchant.

La barbe opulente, une chevelure grise et un air amusé. Des yeux vifs et un air fatigué malgré le début d'année. Un professeur déjà lessivé par son travail.

-Tu m'écoutes ?

Le jeune revint à lui, fouillant dans sa poche pour en sortir son sésame.

-Classe II, première année, dit-il en tendant le papier.

Ce dernier le prit, observant en détail cet élève.

-Admis par le général des armées ? T'es un marrant, rit l'homme en gardant la fiche. Je suis le professeur principal de la classe II, Daniel Vimo, suis-moi.

Zeki déglutit tout en obéissant, dépassant la horde de nobles entassés près de la gare.

-Ils attendent quoi ? interrogea le jeune.

-Les grandes pompes pour commencer à bien se faire voir. Ici c'est l'apprentissage du léchage de cul, plus tu vas loin et plus ils apprécient. Enfin vu que tu n'es que roturier essaie de rester distant, ils n'aiment pas trop l'odeur des billets de deux Limu, ricana cet étrange professeur.

-Comment savez-vous que je suis roturier ?

-Tu n'as pas de nom, enfin pas un qui me revient en tête. Encore tu serais un Zaleo où un Kinka-Laki j'aurais été un peu plus cordial, mais comme t'es un simple gamin je ne vais pas me retenir, rit l'homme.

Le garçon fronça les sourcils, tout en parcourant la ville avec son professeur.

-C'est de la ségrégation, sous prétexte que je suis roturier vous me traitez différemment ?

Un rictus le prit, rapide et incontrôlé. Le gris s'arrêta au beau milieu de la route, observant ce jeune homme d'un œil amusé.

-Écoute … Zeki, dit-il en cherchant son nom un long moment. On est dans une école militaire alors certes on a des ateliers poteries et danse classique, mais on reste à la base un endroit de guerre et de gros sous. Si par malheurs tu commences à mal prendre ton statut de paysan, tu ne vas pas aller loin. J'ai connu des roturiers qui se sont fait détruire financièrement par des nobles donc si tu veux tenir, essaie de te faire à ton moule, compris ?

La réprimande fut amère, dans quoi s'était-il embarqué ? Après, Daniel ne semblait pas cruel où avoir de mauvaises pensées. Juste prévenir un élève du danger des prédateurs ambiants. Une jungle où il se trouvait être un mignon petit écureuil. Fragile et facilement chassable.

-Compris, souffla le jeune.

-Bien, sourit Daniel. Heureusement Damibura est un endroit assez sélectif, autant sur les classes que sur le reste. Nous ne comptons pas plus de dix élèves par unités et la nôtre doit en avoir huit. Après, les plus méritants sont logés dans la première unité jusqu'à la douzième. Autant dire que ta « particularité » doit valoir le coup.

-Mes camarades sont arrivés ? dit-il innocemment.

-Ouais, lança Daniel en se grattant le crâne. T'es le dernier de la classe II, le petit chouchou.

Zeki ne répondit rien, préférant suivre son professeur dans la ville école. Ils passèrent devant un étrange petit stand où des cartables et des livres chics étaient installés. Daniel prit trois bouquins et une mallette qu'il tendit à son élève. Ce dernier les récupéra tout en observant la qualité des produits.

Tout en cuir et sentant divinement bon. Ils enchaînèrent la route, le quartier marchand commençait à s'achever, les étaux de toutes couleurs et les produits disparurent pour des bâtiments longeant deux routes principales.

Au fond de celle-ci se trouvait l'académie, reconnaissable à son immense portail et sa taille colossale qui était pour l'instant fermée. Daniel le mena sur la route de droite qui était séparée en deux immenses panneaux notés d'un I et II.

-Tout cela pour notre classe ? s'étonna Zeki.

-Pas vraiment, ce sont les baraquements, tu as la première allée pour les garçons et la seconde pour les filles.

Ils prirent donc la première avant d'entrer dans le premier bâtiment, découvrant un endroit animé. Un immense comptoir proposant plusieurs boissons. Un escalier longeant le côté gauche pour gravir les étages. Un côté bibliothèque garni et même un phonogramme dans un coin. Plusieurs élèves patientaient avec des baladeurs éthérés voir des jeux diverses. Zeki ne compta que des hommes de son âge.

-Bon, quelqu'un de la classe II pourrait lui montrer sa chambre ? J'ai besoin de fumer, grogna Daniel en observant tour à tour plusieurs élèves.

Personne ne répondit cependant, le professeur poussa un profond soupir.

-Kusha, je te le laisse, dit-il en approchant l'écureuil d'un garçon attablé au comptoir. Amusez-vous bien !

Cet élève était pour le moins impressionnant, autant de taille que de poids, mais contrairement à son appréhension il ne pesta ni refusa le travail. Son regard clair se contenta de scruter le garçon, cherchant quelque chose sans pour autant le trouver.

-Ton nom ? dit-il d'une voix grave.

Il ne semblait pas ennuyé, juste monotone comme une phrase dite des milliers de fois.

-Zeki Baragan, répondit-il intimidé.

-Laisse-moi finir mon verre et je te montre ta chambre, ça te va ?

-D'accord, lança le jeune en s'installant sur un tabouret.

Le garçon put observer plusieurs personnels de maisons, attablés à préparer le repas. Il allait manger dans ce bâtiment ?

-La maison Baragan est connue ? demanda Kusha.

-Je suis roturier, répondit le jeune en s'attendant à une pique cinglante.

Un rire le prit, fin et léger sans être moqueur.

-Tu as bien de la chance, être noble est aussi plaisant que de boire de l'acide au petit-déjeuner.

-Vous êtes de quelle maison ?

Le colosse pesta à cette question.

-Zeki, c'est cela ? Dit-il en plongeant son regard dans celui du jeune homme.

-Kusha ?

-Ici nous sommes égaux, que ce soit en droit ou en privilèges. Après connaître ou non ma maison importe peu. De toute façon tu le sauras assez tôt, je suis un Briegan, Kusha Briegan, dit-il en prenant une gorgée d'un liquide ambrée.

Zeki pensa alors à rectifier son langage, peu habitué de rencontrer des nobles de son âge. Il passa ensuite à sa maison. Les Briegan ? songea le jeune en tentant de trouver d'où il pouvait venir.

-Ta famille s'occupe de quoi ?

-Tu ne sais pas ? sourcilla le géant. Les Briegan sont pourtant au-delà du connu.

-Je viens du nord, j'ai eu une éducation simple, rien de bien édulcoré.

Kusha chercha une nouvelle fois ce qui pouvait avoir emmené une crevette à rentrer dans l'académie sans maison ni intelligence, mais préféra garder pour lui ses questions.

-Tu as déjà mangé une fraise où une pêche en hiver, pas vrai ?

Zeki lança un regard perdu à son partenaire.

-On avait un jardin et on mangeait les fruits de la maison.

-Tu n'as jamais … été au restaurant ?

-Quelques fois, je devrais connaître les Briegan ? répondit l'écureuil.

Kusha en perdit son bagou, le nord était si perdu que cela ?

-En gros ma famille possède une immense gamme de restaurants et une pléthore de fermes dont plusieurs s'occupant de gérer la péremption des aliments, dit-il en terminant son verre.

-Comment cela ? On peut garder une fraise jusqu'en hiver ? s'étonna Zeki.

-Grâce aux injecteurs d'éther, en fait tu injectes une petite dose d'éther et le fruit prend plus de saveur, reste frais très longtemps, mais coûte bien plus cher. Les nobles en raffolent et cela renfloue nos affaires, sourit-il.

Zeki percuta soudainement.

-Tu es de famille noble ? Où d'une riche ? Je ne saisis pas la différence, dit-il en posant sa tête sur le comptoir.

-Les nobles ont un nom de maison, ils ont été nommés duc, baron, comte où je ne sais quoi par un roi où quelqu'un d'importance. Ma famille est juste très riche même si j'ai été accepté à Damibura par mes propres moyens. Après l'ombre de ma mère a dû faire tomber quelques dossiers, ricana-t-il.

-Du coup … il existe des riches et des pauvres ?

Le brun observa de nouveau ce curieux garçon qui découvrait tout. Il lui trouva un côté attachant et quelque peu naïf qui semblait allait de pair avec son aura.

-Un noble pauvre ? Ça doit exister, mais ils ne le feront pas voir. L'avantage des familles c'est qu'ils peuvent avoir le meilleur parfum, les meilleurs habits, mais si la trésorerie n'a plus un Limu ils feront un prêt. Ils enchaîneront les dettes, jusqu'à ce qu'un héritier prenne la relève et se retrouve avec le bébé. Il y a plus d'une famille qui s'est écroulée à cause de parents stupides.

Zeki imprima ces informations, la coupe en cristal du géant était vide, il pouvait découvrir sa nouvelle demeure, mais parler avec Kusha avait un côté détendant. Paisible et tranquille, comme une rivière serpentant à travers une forêt.

-Je peux poser une autre question ?

-Pose, on verra bien, rit-il.

-Tu connais les personnes de la classe ?

-Connaître ? Non, après je sais qu'il y a certaines personnes dont j'ai entendu parler. Raki Zaleo, Sacha Perol, ce sont des noms importants. Hélène Madria, Sophia Fyko, Iris Matis, des filles nobles avec une très bonne étiquette et un roturier admis pour son score à l'examen d'entrée que je ne connais pas. Puis toi et moi-même si je ne comprends pas ce qui t'a permis d'être accepté. Généralement … il faut un corps … puissant pour être dans l'armée, pas une brindille, dit-il en cherchant de nouveau la clé du mystère Zeki.

Ce dernier détourna le regard, préférant fixer les règles du dortoir.

« Ne pas courir dans les couloirs. »

« Ne pas faire de bruits après le couvre-feu. »

« Ne pas dormir dans un autre lit que le sien. »

« Ne pas fumer ni boire dans le dortoir. »

« Les dortoirs sont toujours ouverts, veuillez fermer vos portes en sortant par mesure de sécurité. »

« Toutes infractions se verront punies par le directeur du bâtiment. »

« Si vous sortez, faites attention à revenir en état pour le lendemain. »

Contrairement à ses idées, les règles étaient bien moins nombreuses que prévu, il ne restait qu'à passer cinq ans dans ces murs.

-Tu peux me montrer ma chambre ? questionna Zeki

-Allons-y, soupira Kusha en quittant son tabouret.

Son large corps glissa à terre et commença par partir à l'étage. L'écureuil suivit, partant au troisième à la chambre 306.

-Je suis dans la 305, on est voisins, sourit Kusha en rentrant dans sa propre demeure.

Zeki tourna la poignée, curieux de la trouver ouverte, et entra, un lit déjà fait, une large armoire. Un bureau où était posé un double des clés et une bibliothèque dans un coin. Tout le plaisir d'une vie étudiante.

Il prit sa valise et l'ouvrit pour y déballer ses affaires. Le jeune passa une dizaine de minutes à ranger ses maigres affaires avant de sortir. Il osa un regard dans la chambre adjacente, trouvant avec surprise un lieu personnalisé. Des affiches de gladiateurs, plusieurs épées en bois, un bel arc verni et un immense tapis au milieu de la pièce comme pour méditer.

Kusha de son côté était installé à son bureau, ses cahiers déjà ouverts comme pour prendre de l'avance.

-Tu travailles déjà ? s'étonna Zeki en osant un pied dans l'antre de son collègue.

-Je fais mes penses-bêtes, dit-il en lui présentant un cahier du moins atypique.

Il avait noté plusieurs paragraphes qui ne disaient rien au jeune homme, sur la politique, la gestion des armes à feu, la géographie et l'histoire. Tant de matières qui lui donnaient mal au crâne d'avance.

-Pourquoi me sens je si nul comparé à toi ?

Un air peiné se posa sur lui comme pour compatir à son idiotie.

-Je ne voulais pas te rabaisser, dit-il gêner. Si ça se trouve, tu seras une bête en sport où en Manipulation d'éther ? Qui sait ?

-On ne peut pas se faire virer à cause de notes catastrophiques ? s'inquiéta Zeki.

-Dans le pire des cas, tu repasseras des classes, d'ailleurs … tu connais le classement de classe ? Les résultats des tests ? Vu que tu as été admis sur recommandation, je pense que ça peut t'intéresser.

Sur ces mots le Briegan saisit une petite fiche cartonnée qu'il tendit à son collègue, ce dernier put observer les différentes notes de sa classe.

« William Berger : 909

Sacha Perol : 900

Iris Matis : 897

Hélène Madria : 896

Sophia Fiko : 890

Kusha Briegan : 888

Raki Zaleo : 880

Zeki Baragan : admis par recommandation »

C'était donc ses camarades ? Une question lui vint rapidement.

-Les notes étaient sur combien de matières ?

-Neuf principales donc deux facultatives ce qui permet d'avoir des notes presque parfaites.

Le jeune déglutit, voulant s'assurer que son inquiétude était fondée.

-Tu aurais un genre de question posée ?

-En quelle année a été fondée la cité Lucia ?

L'écureuil sembla se figer, son sang se glaçant de lui-même.

-En … 356 de l'ancien calendrier ?

Un œil surpris se posa sur lui.

-Tu ne connais pas la réponse ? Pourtant c'est ce qu'on apprend en classe de primaire. Je n'ai pas envie d'être médisant, mais l'année semble compliquée pour toi, dit-il en semblant compatir à son malheur.

-L'année ne compte que sur les notes ? Chouina Zeki qui perdait son entrain.

-Non, dit-il en l'invitant à prendre une chaise. Techniquement le quart de ton évaluation vient des professeurs, un autre quart des notes et la moitié des stages.

Le garçon saisit un tabouret dans un coin pour boire les paroles de son ami.

-Stages ?

-Tu auras un stage en fonction du calendrier. Sois en camp d'entraînement, en paperasserie, en zone militaire voir d'autres. Ils durent une semaine jusqu'à ce que le référent te donne ton rapport. Généralement il se fait à deux pour faciliter l'immersion même si c'est souvent objet à tension, souffla Kusha.

-Pourquoi ?

-Compétition, les élèves sont en constante querelle et bien souvent les premiers de la classe ont le titre de roi et chacun sait que les écoliers sont régicides.

Une compétition ? pensa Zeki.

-Je sais très bien que je suis une nouille en études et en sport, grogna le cancre. Pas moyen que je puisse concurrencer les seigneurs de la classe.

Kusha fronça les sourcils, il ne comprenait vraiment rien à son partenaire, admis par recommandation sans avoir le profil d'un homme d'armée ? Il devait poser sa question au risque de le froisser quelque peu.

-Zeki, pourquoi as-tu été admis ? Tu es roturier, visiblement pas au même niveau que nous autres et pas taillé pour un cursus militaire, tu as quoi de spécial ?

L'écureuil ne répondit pas de suite, préférant fixer le vide. Devait-il en parler ? Cependant le général avait été clair. Tant que son statut n'était pas officiel, il ne devait évoquer sa particularité.

-Désolé, je ne peux rien dire, dit-il gêner.

-Pourquoi ? C'est un sujet dangereux ?

-Secret militaire, enfin … je pense, mais le superviseur m'a demandé de ne pas l'évoquer.

Kusha resta silencieux, un secret militaire ? Il devait cacher une chose bien étrange. Zeki Baragan l'intriguait énormément. Un être vraiment singulier.

Les élèves avaient été rassemblés dans divers endroits de la demeure. Kusha et Zeki étaient côte à côte, faisant face à trois autres garçons de leur âge. L'un était d'un roux flamboyant au sourire carnivore. Un autre semblait plonger dans son baladeur éthéré couvrant son air de serpent. Le dernier quant à lui était d'une carrure égale à Kusha, mais au regard bien plus sévère et à la carnation plus claire.

-On devrait faire les présentations, non ? lança le Briegan pour commencer sur de bonnes bases.

-William Berger, lança le roux avec un sourire.

Zeki tilta, c'était également un roturier pourtant il dégageait une aura de force qui l'impressionna.

-Raki Zaleo, souffla le géant blond.

Le fils d'une famille importante, pensa l'écureuil. Un homme à ne pas sous-estimer.

-Zeki Baragan, lança le paysan d'un air simple.

Son annonce intrigua les quelques élèves, autant sur le physique que sur le nom il n'avait rien d'imposant. Peut-être cachait-il quelque chose ?

-Sacha Perol, soupira le garçon au baladeur.

Celui-ci était un vrai mystère pour Zeki, il ne connaissait pas sa famille ni même ses particularités.

-Kusha Briegan, du coup nous sommes au clair, sourit-il. On déjeune ensemble ?

Raki souffla d'un air supérieur.

-Je préférerais déjeuner en meilleure compagnie, Perol vous m'accompagnez ? dit-il bien plus gentiment à son comparse.

Ce dernier lui répondit d'un air désabusé.

-Tu veux que je te tienne le couvert pour bouffer ? Que je te fasse la discute comme un bon partenaire de thé ? J'ai d'autres expectations que de servir de chien-chien à une famille régit par des arnaqueurs, siffla Sacha.

L'ambiance devint lourde, mais heureusement Raki partit de leur carré, filant vers une table mieux « garnie ». Les quatre garçons restèrent silencieux, sans savoir comment reprendre la flamme de l'entrain.

-Du coup, qui reste pour manger ? lança Kusha plus terre à terre.

-Je suis pour, lança William.

-Pourquoi pas, bailla Sacha.

Zeki accepta également l'invitation, voulant découvrir ses camarades et leur caractère le plus vite possible.

Leur carré pouvait servir de table à manger, un couvert avait été dressé et les assiettes garnies d'une salade de pommes de terre aux crudités. Le tout assaisonné d'une mayonnaise délicieuse. Zeki mangeait comme un affamé, n'ayant pas pu avaler quelque chose depuis ce matin. Le repas était au-delà du bon. C'était un régal.

-Du coup … Baragan est un roturier également ? lança Perol en sirotant son vin rouge.

Ce dernier s'essuya gauchement avec sa serviette pour donner sa réponse.

-Oui, je viens du nord et j'ai été accepté par un général des armées.

-Un général ? releva William. Les seuls moyens d'être acceptés par recommandations à Damibura sont soit d'avoir demandé une offre de clémence auprès d'un responsable ou d'être qualifié pour être un élément clé pour l'avancée de l'armée.

-Autant dire que tu dois être un genre de déviant pour être un élément d'armée, pas que ça me regarde de toute façon, lança Sacha.

Zeki ne savait plus où se mettre, il n'aimait pas être au centre de l'attention, d'autant plus sur ce terrain. Le gamin replongea dans son assiette, pour ne plus subir de questions.

-Sinon, recadra Kusha. William, tu es arrivé premier au test d'entrée, tu as un genre de super-pouvoir également ?

Ce dernier sourit d'une manière flattée.

-Juste une très bonne mémoire.

-Il n'y a pas de honte à reconnaître ses qualités. Être premier est une qualité même s'il faut tenir le trône toute l'année.

William soupira.

-C'est pour cela que je ne vais pas me battre pour le garder, j'ai réussi à intégrer Damibura donc pour l'instant l'important est de rester tranquille et reprendre un rythme correct.

-Je me souviens des nuits blanches penchées sur mes cahiers, les soirées à faire des brasses dans la piscine familiale, les entrées ne sont pas gratuites, rétorqua Kusha joyeusement.

-Oh ? Tu es de ce genre Briegan ? Plutôt piscine ? Pourtant ta famille est réputée pour le golf et le croquet, ajouta Sacha.

Le géant craqua un sourire, l'ambiance semblait cordiale entre les quatre garçons.

-Disons que le golf ne muscle que l'esprit, le croquet est à peu près la même chose. Pour rentrer à l'armée, je ne vais pas me baser sur un esprit fort, mais plus sur un corps résistant.

-Quel cauchemar cet examen d'entrée, souffla William. Un vrai marathon d'autant plus que les roturiers n'ont pas droit à l'erreur.

-Il y a des examens d'entrée près de chez toi ? quémanda Kusha.

-Il faut dire que Delpi est réputée pour sa grandeur, rit-il. Nous avons des réunions entières pour nous dispatcher à travers les écoles militaires de la région. Même si pour moi viser Damibura était un rêve.

-Même pour les nobles l'examen n'est pas assuré, assura Sacha. J'ai un cousin qui a tenté de faire pression en usant du nom de la maison, mais il n'arriva à rien. Il faut dire que l'établissement à l'aval des plus grandes demeures et l'appui des puissants. Alors un Perol où un Kinka-Laki ne leur pose pas souci.

Zeki écouta avec attention, voulant poser une question qui lui brûlait les lèvres.

-Les maisons les plus puissantes sont lesquels ? Je crois que les Zaleo sont dangereux ou plutôt influents ? Dit-il d'un ton peureux.

-Chaque noble est dangereux, philosopha Sacha. Un Perol mécontent peut être plus teigneux qu'un Zaleo énervé, tout n'est qu'une question de caractère. Même si les Zaleo et Kinka-Laki sont connus pour leur monnaie et influence notamment sur le conseil il n'en est rien comparé à d'autres mastodontes du milieu. Les Perol sont par exemple, cinquièmes dans l'ordre des sièges du conseil, mais notre argent est supérieur à celui des Zaleo par exemple.

-Il faut aussi comparer l'argent et l'influence Zeki, continua Kusha. Les Zaleo, Kinka-Laki, Perol sont certes des maisons nobles, mais comparées à une famille monétaire ils sont limités.

-Pourquoi cela ? questionna le jeune.

-Les retombés, reprit Sacha. Une maison qui descend volontairement une famille de roturier risque des répercussions au sein du pays et de se faire sucrer des primes. L'empereur Delpien et le conseil de Lucia ont décidé de sonner le glas de la persécution gratuite en serrant au collier les chiens défaillants.

-Même si cela n'empêche pas quelques dérives, siffla William.

La discussion reprit, Zeki de son côté resta pensif un moment. Il ne connaissait rien à ce monde, c'était comme vivre dans une bulle qui venait d'être percée. Il se faisait engloutir par son manque de culture, pourquoi le général l'avait envoyé dans cette école ? Juste pour son don ? C'est la boule au ventre que le jeune homme termina son repas, inquiet de la suite des événements.