NdA : Je prends beaucoup de plaisir à écrire et j'avoue que pour le moment j'avance, mais je reprendrais tout chapitre par chapitre ensuite, histoire d'avoir quelque chose de coooool... N'hésitez pas à suivre la fiction même si vous n'osez pas mettre de review !

PS : Je sais qu'en cette période de confinement en France, c'est difficile, mais profitez-en pour lire, écrire, dessiner, rattrapez les séries qu'il vous manque, vous mettre vraiment au sport... Toutes mes pensées vont aux services médicaux mais également à toutes les personnes sur les services vitaux, comme le domaine de l'énergie ou de l'eau.

PPS : Je n'ai toujours pas d'eau chaude chez moi, ça fait 6 jours maintenant et j'espère que ce sera réglé avant la fermeture définitive de tout ! Le confinement sera vraiment pas marrant autrement !

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CHAPITRE 03

ou lorsque Samuel choisit le film


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Samuel était frustré, c'était terrible. Qui était ce Elliot au fond ? Perdait-il son temps ? Jouer au golf ? Bon, d'accord, le patin à glace, c'était vrai, mais on appelait ça un hobby, comme tout le monde. Il aimait juste la sensation de glisse, la vitesse et le bruit de la glace. Il aimait le froid aussi. Mais le golf ?

Il avait menti.

Pourquoi ?

Pour convenir à ce qu'il attend de moi ?

Non, ce n'était pas pour ça. Samuel voulait le voir abandonner. Il voulait qu'Elliot se rende compte qu'il ne pourrait jamais supporter de rester avec lui et qu'il abandonne, ce serait sa victoire ! Mais pas tout de suite, pour le moment, il devait tout de même lui faire croire que c'était possible. Qu'il avait une chance.

Furieux contre lui-même, Samuel regardait sa conversation avec Elise et Raphaël, se demandant s'il devait tout leur dire. Ce serait sans doute libérateur d'en parler : Raphaël était d'excellent conseil bien qu'il n'était pas discret et Elise... Elise le rassurerait sûrement. Surtout qu'il avait l'horrible impression que ses amis lui en voulaient de plus en plus de sa proximité grandissante avec le blondinet...

Proximité ? Laissez moi rire.

Avec un profond soupir, il réfléchit, se laissant tomber dans son lit pour fixer le plafond. Il entendait la voix de son frère, en bas, à tenir compagnie à leur mère. Il n'était que de passage mais ça lui permettait d'éviter sa mère fouineuse, à l'affût du moindre changement d'humeur chez ses deux fils.

Il sentit son téléphone vibrer dans sa main et il regarda ce que disait Elise :

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Elise : [Comment on fait pour Dimitri ? On a des pistes ?]

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Samuel fronça les sourcils, avant de se détendre. Il était peut-être temps de se servir de son prétendant ?

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Le lendemain, en arrivant en cours, Elliot n'était pas serein, Samuel le sentait. La dispute de la veille flottait encore entre eux mais le blond s'assit tout de même à côté de lui, ce que Samuel apprécia. Il n'avait vraiment pas envie de lui courir après.

— Je suis désolé pour hier, je n'étais pas dans mon assiette, je n'aurais pas dû être comme ça, fit Samuel, comme le prof n'était toujours pas là.

De toute façon, il n'y avait pas encore tout le monde, loin de là : il n'y avait que Samuel et ses deux amis, ainsi que quelques autres élèves et le blond. Sûrement parce qu'il restait cinq minutes avant le début du cours ? C'était rare de voir Elliot dans la salle aussi tôt...

— Tu es pardonné, je n'y pensais plus, de toute façon...

Mensonge. Sinon il n'afficherait pas cet air satisfait. Samuel se retint de lever les yeux au ciel : il avait espéré qu'Elliot s'excuse aussi, naïvement, mais de quoi exactement ?

Un sourire étira les lèvres du brun qui sortait ses affaires sagement, alors qu'Elliot était sur son téléphone, son sac fermé sur la table devant lui.

— Tant mieux parce que j'ai besoin de toi pour quelque chose, annonça-t-il de sa voix habituelle, oubliant les excuses assez vite.

Ça eut le mérite d'attirer l'attention d'Elliot et Samuel n'attendit pas la question pour lui expliquer :

— Tu connais des élèves de terminale, n'est-ce pas ? Nous avons besoin d'info pour le journal, nous n'en avons pas assez... Tu sais, Dimitri Joseph ? lui rappela-t-il lorsqu'il vit le vide dans le regard bleu alors que l'autre essayait de savoir de quoi il parlait.

Elliot fronça les sourcils, avant de sourire, certainement prêt à se moquer de lui mais Samuel ne lui laissa pas le temps d'exprimer quoique ce soit, le fixant gravement.

— Essaie juste de savoir s'il y a des gens qui le connaissaient et qui savent où il est ou qui ont son numéro de téléphone. Demande à Tara, au pire, proposa-t-il avec un petit sourire qu'il parvint à rendre un peu désabusé, amusé...

Comme s'il lui arrangeait son coup. Alors que l'objectif était bien plus tordu, lui faire comprendre qu'il avait compris que Tara lui plaisait et donc qu'il perdrait son Pari s'il n'essayait pas plus dur. Son adversaire, cette fois, était de taille, et s'il n'ouvrait pas les yeux là-dessus, il n'aurait aucune chance.

Il n'avait de toute façon aucune chance depuis le début.

Mais il savait très bien comment fonctionnait Elliot, il lui fallait un défi, avec une récompense. C'était la particularité des gens qui acceptaient de séduire un homme, de sortir avec, même si ça va à l'encontre de tous leurs instincts et au risque de détruire la personne en passant, juste pour un bout de tissu puant : ils ne faisaient rien sans rien.

Il n'eut pourtant pas le temps d'enclencher la dernière étape qu'un sourire étira les lèvres d'Elliot, faisant perdre momentanément ses mots à Samuel. Pas qu'il se sentait amoureux, non, mais juste... Il se retrouvait à la place de toutes ces filles.

Et il fallait le dire, Samuel était vraiment homosexuel, malgré les doutes qu'il laissait planer, jugeant qu'il avait déjà bien du mal à se comprendre et n'avait vraiment pas besoin d'une étiquette en plus. Il n'en était pas sûr, n'ayant jamais eu de petit ami, mais les filles ne lui avaient jamais plu et... Il s'interdit d'y penser plus loin : il détestait ce que la puberté avait fait de lui. Comme s'il avait besoin de ça en plus. Son cerveau lui suffisait amplement, il n'avait vraiment pas besoin du reste.

— Un cinéma, tous les deux, sans les pots de colle qui te servent d'amis. Et en échange, je te trouve toutes les informations et tous les numéros de téléphone que tu veux, fit Elliot, le sortant de son admiration pour son sourire.

C'était osé, Samuel en était bouche bée, et il n'aurait jamais laissé Elliot négocier quoique ce soit en situation d'enlèvement, la méthode n'était pas parfaite, à part si le but était de se faire trancher la tête (et celle de l'otage aussi). C'était un pari risqué d'insulter les meilleurs amis de Samuel tout en sous-entendant très clairement qu'il voulait quelque chose. Quelque chose en plus.

Le prenait-il pour un idiot ?

Le brun était à deux doigts de lui mettre un « Game Over » tonitruant, parce que Elliot devait le prendre pour un imbécile s'il pensait que Samuel pouvait vraiment croire qu'il s'intéressait sincèrement à lui. Il n'était pas né de la dernière pluie !

Les gens comme lui ne s'intéressaient pas aux gens comme Samuel...

« Tu es juste plein de préjugés sur les gens comme moi, » faisait la voix d'Elliot dans son esprit.

Pour le coup, ce n'était pas des préjugés, se rassurait-il, il avait entendu le Pari. Difficile de faire plus clair. Mais s'il n'en avait rien su, il aurait probablement accepté ?

Le « Game Over » n'eut pas lieu, Samuel détournant bien vite le regard en passant nerveusement ses doigts sur ses feuilles.

— D'accord, mais d'abord les informations. Et je choisis le film.

Il ne le voyait pas mais il savait que le blond souriait.

— Ça marche, tu peux déjà réserver ton samedi aprem, souffla Elliot avec assurance, comme le prof de mathématiques venait d'entrer.

— Et tu peux réserver ton samedi matin, dit alors Samuel, ajoutant sous le regard interrogateur de son voisin : On a un projet à finir, tu te rappelles ? L'oral, c'est mardi.

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Le reste de la semaine se déroula plutôt bien, Samuel et Elliot se retrouvaient après les cours mais, comme l'avait dit le blond, ils avaient de l'avance. Et heureusement, parce qu'Elliot devait partir tôt, à chaque fois, pour trouver les informations dont avait besoin Samuel.

Ce fut le vendredi, alors que Samuel mangeait avec Elise et Raphaël au self, qu'Elliot vint enfin avec des nouvelles. Il s'assit d'ailleurs à leur table, posant son plateau vide, puisqu'il avait déjà mangé, sous le regard choqué de plusieurs autres élèves.

Elise exprima son dégoût d'un petit claquement de langue, n'aimant pas être tout à coup le centre de l'attention, alors que Raphaël avait une moue sceptique. Ils avaient été soulagés de ne plus voir le garçon dans les pattes de leur ami, pensant que sa nouvelle lubie lui était passée mais, visiblement, ce n'était pas le cas.

Samuel, lui, ne laissait rien passer, avec sa poker face habituelle, fixant le nouveau venu tout en s'essuyant la bouche avec précaution. Il se racla la gorge.

— Alors ? demanda-t-il finalement, curieux, en voyant qu'Elliot attendait de se faire prier.

Elliot posa un papier sur la table, plié en deux, avec un sourire de renard qui fit frémir Samuel. Leurs doigts de touchèrent mais Elliot rafermit sa prise : il ne comptait pas le laisser s'en sortir comme ça. Alors Samuel le laissa faire son fier : s'il avait vraiment quelque chose d'intéressant, Samuel devrait montrer sa gratitude.

— Dimitri Joseph a quitté l'école suite à un conseil disciplinaire, il aurait frappé un autre élève et dégradé du matériel. Il n'a pas été viré mais il est parti. J'ai réussi à savoir dans quelle école il est maintenant et j'ai aussi récupéré son numéro de l'époque. Je ne sais pas s'il a changé mais il répondait à celui-là.

Elise et Raphaël se regardèrent, choqué. C'était quoi que cette histoire ? Et le papier sous les mains de Samuel et Elliot recelait les informations dont ils avaient besoin.

— Merci Elliot, tu as toute ma gratitude, fit Samuel comme récompensant un brave animal.

Un animal qui avait des dents, pourtant.

— Ça ne suffira pas, alors honore ta part du marché, fit Elliot, sa main toujours bien posée sur la feuille.

Samuel ne devait surtout pas dire à ses amis en quoi consistait ce marché, ils lui en voudraient. Il en voulut d'ailleurs à Elliot d'ne parler comme ça devant eux, ce qu'il lui fit comprendre d'un regard glacial. Torve.

Puis il hocha la tête, grommelant :

— Je ne reviens pas sur ma parole...

Les précieuses informations finirent enfin dans la main de Samuel et il déplia la feuille aussitôt, alors qu'Elliot se levait avec son plateau pour rejoindre ses amis dehors, les saluant avant de sortir. Samuel se cachait du regard choqué de ses amis, faisant mine de lire pour la quatrième fois les quelques lignes comportant le nom du nouveau lycée de Dimitri et son numéro.

— Tu peux nous expliquer ? fit finalement Raphaël, alors qu'Elise prenait la feuille pour lire à son tour.

— Mais attendez, il n'est même plus à Poitiers, il est parti sur Bordeaux ! dit Elise, surprise.

Samuel soupira :

— Nous ne pouvions pas trouver ça sans lui, j'ai juste pensé que ce serait utile...

Raphaël fronça les sourcils :

— Tu le manipules ? demanda-t-il d'une voix blanche.

Eh merde.

Le manipulait-il vraiment ? Samuel tentait d'y réfléchir mais il avait l'impression d'être dans ses droits. Après tout, Elliot voulait lui mentir et faire semblant, pourquoi lui n'aurait pas le droit ? Surtout qu'il payait contre ses informations.

— Ecoutez, je lui ai demandé un service, c'est quoi, le problème ? finit-il par s'agacer, fronçant les sourcils, n'aimant pas particulièrement cette situation. L'important, c'est Dimitri. Nous devons le contacter et en apprendre plus, le journal ne va pas s'écrire tout seul.

Il avait horreur de leur cacher des choses mais il n'avait plus le choix, encore moins qu'au début. A présent, il était complice, d'une certaine façon.

Il ne leur laissa pas le temps de l'interroger sur sa « part » du marché, se levant.

— Vous me faites confiance, non ?

Et cela put clore la conversation.

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— Tu es sûr que tu veux voir ça ?

Samuel lui retourna son regard, parfaitement sérieux. Oui, il voulait voir ce documentaire sur l'Egypte antique, au cinéma. Intérieurement, le garçon se marrait bien devant la déception du blond, alors qu'ils étaient debout devant le cinéma, sur la place de l'hôtel de ville.

Le cinéma Castille était en fait séparé en deux cinéma : l'un regroupant les films d'auteurs ou les documentaires, comme celui que Samuel voulait voir, l'autre, avec les films américains / hollywoodiens commerciaux. Samuel mentirait s'il disait qu'il était honnête, d'autres films avaient l'air bien, à l'affiche, mais... C'était son jeu. Il se faisait un devoir de répondre à tous les stéréotypes entretenus par son lycée à son sujet. Au sujet des « gens comme lui ».

Elliot avait soigné son apparence, Samuel pouvait le dire, et le constater l'avait amusé. Il y mettait les efforts, au moins, dommage que sa proie ne soit pas de son avis, préférant être habillé comme d'habitude, avec son air guindé et propre sur lui.

— Je suis sûr, affirma Samuel avec conviction. Le film va commencer, allons-y ? proposa-t-il ensuite en faisant un pas vers l'entrée, décidant de forcer le mouvement.

Il n'allait pas laisser Elliot s'en sortir.

Le jeune homme soupira bruyamment et finit par le suivre, visiblement à contrecœur. Chacun paya sa part, Samuel n'osant tout de même pas pousser sa chance, et le vendeur de billets ne put leur donner du popcorns, ce qui n'améliora pas l'humeur du blond, mais ils n'avaient pas le choix, la vente de nourriture et boissons était interdite pour ce côté du cinéma, certainement à cause de plaintes des gens qui voulaient regarder leurs films sans être dérangés par le bruit de mastication.

Ils finirent par se rendre dans la salle, s'asseyant là où Samuel le voulait. Avec un soupir de contentement, le brun s'installa, mettant correctement ses lunettes. La salle serait probablement vide, à cette heure-ci, et en effet, ils étaient peut-être cinq, répartis sur les différentes rangées. Samuel et Elliot étaient les seuls à s'être mis côte à côte.

Elliot était étonnamment silencieux et Samuel se demanda s'il avait été trop loin : venait-il de faire perdre tout espoir au blond ? Espérait-il vraiment pouvoir prendre des popcorns en même temps que lui et donc lui prendre la main ?

Le brun dut se contenir pour ne pas rire à cette pensée.

— Nous avons appelé le numéro que tu nous as donné, il n'est plus attribué, fit Samuel pour faire la conversation en attendant que ça démarre. Du coup, nous allons essayer d'appeler le lycée à Bordeaux pour savoir s'il y ait encore et essayer de nous mettre en relation avec lui.

— Pourquoi faire un article sur ce gars ? demanda Elliot en regardant Samuel.

Samuel réfléchit.

— Parce qu'il a fait partie de l'école. Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à partir ? Il n'a pas été viré, il a eu un conseil de discipline pour avoir poussé violement une autre élève et pour avoir tagué un mur de l'école...

Dimitri n'était pas obligé de partir, il aurait dû faire des travaux d'intérêts généraux et ça se serait tassé. Mais surtout...

— Il a tagué un mur de l'école, il y a écrit « Vous devriez avoir honte ! » et il est parti. Je me souviens d'avoir vu le mur et il n'a fallu que deux jours avant que l'école ne le repeigne. Mon seul regret est de ne pas avoir pris de photo ce jour-là.

Le regard de Samuel était sombre, il se sentait triste à chaque fois qu'il pensait à cette histoire parce qu'il avait connu Dimitri. Il l'avait vu, chaque jour, à la bibliothèque, et ils avaient même échangé quelques mots. Pourquoi était-il parti ? Que s'était-il passé ?

Il était curieux de nature et le journal fonctionnerait seulement s'ils apportaient des informations intéressantes, avec des situations épiques. Bien entendu, ils avaient préparé des articles sur des phénomènes physiques fascinants, ils avaient fait des critiques de livres, de films, mais ça n'avait jamais vraiment marché. A présent, pour la première édition de l'année, ils étaient en première, et ils comptaient bien faire du journal une lecture qui toucherait tout le monde.

Mais Samuel sentait qu'ils passaient à côté de quelque chose : ils n'étaient que trois sur le projet et il avait parfaitement conscience qu'ils ne représentaient pas la totalité des jeunes du lycée. Sauf que pour attirer du monde, il fallait leur donner envie, et pour ça...

— Et s'il refuse d'en parler ? fit Elliot, le coupant dans sa réflexion de plus en plus poussée et éloignée du sujet initial.

— Eh bien alors nous n'en parlerons pas, répondit lentement Samuel avant de hausser les épaules, ne comprenant pas vraiment le sens de la question. Mais je suis certain qu'il voudra qu'on sache.

Pour lui, le tag était un appel à l'aide. Et si d'autres personnes auraient voulu l'écrire aussi, il voulait les aider. Avant qu'il ne soit trop tard.

La lumière s'éteignit, les plongeant dans le noir.

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FIN DU CHAPITRE 03


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REPONSES AUX REVIEWS :

Yume [CHAP 02] :

En effet, Elliot est égocentrique, comme beaucoup de gens dans le monde, l'air de rien ! x) On ne peut qu'espérer pour lui qu'il changera, peut-être grâce à Samuel ? Je ne sais pas moi-même encore comment les choses vont se passer ^^"

Par rapport à son âge, c'est surtout qu'il est dans l'euphorie, dans le mouvement et occupé à se protéger lui-même, trop pour se rendre compte que les autres ont des sentiments ? Je ne sais pas trop non plus en vérité !

Merci de ton avis ! Ca me force à réfléchir aussi ! J'espère que la suite te plaira autant,

Grosse bise de loin !