Bonjour / bonsoir à toutes / tous. Cela va faire une éternité que je n'ai plus posté de fiction pour la bonne et simple raison que je voulais améliorer mon style et permettre une lecture plus agréable.
Ainsi ce sont des dizaines voir des centaines de textes qui sont morts nés, et le dernier que je vous présente aujourd'hui est l'un de mes préférés. Qui s'avère être à la moitié de son écriture. Les thèmes me sont proches, donc du fantasy, gay et un peu furry sur les bords (désolé d'avance).
Mais si cela plaît je continuerais de poster toutes les deux semaines ou chaque mois si je me retrouve en panne d'inspiration. Sur ce, amusez-vous bien !
Enjoy !
Prologue : Rêve en boite
Les feux d'artifices perçaient à travers le ciel, explosant en un brouhaha coloré et fantasque. Aux alentours la masse de bête festoyait autour de fontaines de champagnes, dans l'un des palais de classe moyenne de la capitale. Les murs se voulaient d'or, de luxe et de strass propre à cette caste si curieuse qu'étaient les « rois » d'Agatha. Le sol de marbre renvoyait l'éclat du lustre à deux-milles ampoules de cristal, tandis que les talons et pas des invités résonnaient, clair comme de l'eau de roche.
Le plafond se voulait de verre, reflétant chaque détonation avec autant de détail qu'un philtre de télévision. Cependant, pour un des hommes de cette soirée cela ne le fit que soupirer. D'une taille frêle s'accordant à corps entretenu. Couvert d'une tenue sur mesure dévoilant ses bras et son ventre de fourrure crème. Ses jambes se camouflaient d'un short de soie fin tandis que des sandales couvraient ses pieds ornés de bijoux d'or. Sa tête de faon aux bois courts se couplait de fleurs de multiples couleurs afin d'assurer le meilleur de l'élite qu'il était. Son museau allongé soutenait un cou fin et long tombant sur une plastique de rêve.
Bragan Kleo, l'actuel héritier d'une des familles les plus puissantes de la capitale. Il avait été invité davantage par connivence avec cette famille que réel intérêt. La plupart des discussions furent de simples banalités sur son quotidien, afin d'entretenir son panache. Personne n'osait lui parler directement, une pitié qui le rendait morose. Quand aurait-il un véritable partenaire de joutes verbales ? Cette banalité l'ennuyait à mourir, alors il calma sa mauvaise humeur dans le champagne, au moins l'ébriété le permettrait d'oublier cet échec de soirée.
—
La cité de la Grue représentait le quartier pauvre de la capitale Agatha. Et aux alentours du 127 avenue du Courtil se déroulait un spectacle des plus inédits. Certes, la majorité des personnes redoutaient les colères de l'être habitant cet appartement. Même si avec le temps ses pulsions et crises ne faisaient qu'un peu d'animation au sein de ce coin paumé. Et en ce mercredi matin c'est un matelas qui tomba sur le trottoir, jeté de la fenêtre du quatrième étage.
La foule observa lentement le coupable sortir de la porte flinguée avant qu'il ne s'installe sur le dit support, un portable à la main. Des cheveux bleus électriques et écailles de reptile pour un corps purement humain. Un mélange curieux mais qui le placardait d'un titre que beaucoup redoutaient « un hybride ». Une race mêlant deux ADN contraires dans un tout jugé impropre par la société. D'ordinaires les espèces se reproduisaient avec leurs congénères bestiaux. Mais quand certains décidaient de coucher à droite et à gauche le tout prenait des tournants bien plus comiques.
Et pour le garçon cela se confirma en sortant son portable et patienta au milieu de la chaussée qu'on lui décroche.
— Marco ? Marmonna une voix endormie
Ce qui fit piaffer son interlocuteur.
— Salut, tu sais où je me trouve ?
Lui valant un grondement rauque.
— Te connaissant sur mon matelas, sinon tu m'appellerais pas si tôt.
— Ça fait cinq putains de mois que je te demande de dégager tes affaires. Tu voulais vivre ailleurs, eh ben t'embarques ta merde avec toi. Je suis pas la poubelle du quartier !
Un profond soupir lui répondit.
— Tu veux pas plutôt un café ? Disons le Blue Bird à Welko d'ici deux heures ? Ça te branche ?
Ce qui fit gronder le reptile, tapotant un de ses doigts contre le combiné.
— Tu crois pouvoir m'acheter ? Je te demande de dégager de chez moi, pas de m'engraisser.
— Un latte deux sucres avec de la cannelle et quelques doses de chantilly ?
Les grondements se firent plus sauvages, au même rythme que son stress.
— Tu ne peux pas m'acheter, pas après ce que tu m'as fait !
— Et après on irait faire un tour au Gydol pour une partie de billard et finir la journée en mangeant des tartes aux fraises.
Ses crocs crissèrent, avant qu'il ne souffle d'un air las.
— Je te déteste, marmonna Marco.
Un rire fin résonna.
— Moi aussi je t'aime, pense à remonter le matelas, à tout à l'heure !
La discussion s'arrêta, valant un profond soupir, jamais il ne vaincrait Maxence, ce gars le connaissait trop bien. Alors il rangea son portable dans la poche de son jean, fixa son matelas au sol, sa fenêtre à l'étage avant de soupirer. Autant s'y mettre de suite pour arriver à l'heure.
—
La capitale Agatha s'organisait autour d'un noyau central, le centre Welko. Un domaine colossal comportant plusieurs étages, un stade en son cœur, des milliers de magasins et autant de boîtes de nuits, hôtels, bordels et restaurants de grande marque. Il y en avait pour tous les prix, et la devise de l'établissement était « Ce que Welko n'a pas, personne n'aura ». Afin d'y accéder à partir de la Grue, le plus simple était de passer par le métro. Et en ce mercredi matin le reptile traversait les souterrains de son quartier. Sur le chemin il sentit les odeurs de tabac, de pisse et de misère humaines se mêlant aux parfums de marques et de sueur des travailleurs. Les murs se voyaient placardés d'affiches vantant tel ou tel candidat à l'élection qui aurait lieu prochainement. Tant de personnes cherchant à être maire d'Agatha, quelle pitié, songea t-il en accélérant le pas de sa trottinette.
Le garçon savait qu'il avait un caractère spécial, ses crises de colères étaient fréquentes, la cause à de nombreux traumas qui le rendait aussi asocial qu'un steak en fin de vie. Maxence était l'un des rares à savoir comment lui parler, tandis que les autres venaient à lui avec réserve. Mais cela ne l'empêchait pas de profiter de sa jeunesse, et des nombreuses fêtes que les études permettaient. Étant en pleines vacances d'été, le tout gèlerait un moment avant de reprendre en mi-septembre.
Son rythme gagna le wagon juste à temps vers un aller simple à l'arrêt Welko ouest. De par sa taille correcte il esquivait les situations gênantes, mais d'autres de races trapues devaient haïr cet enfer quotidien. Même s'il en avait strictement rien à foutre, être un hybride restait plus grave que nain.
Le tout se mouva à toutes vitesses, renvoyant contre les vitres les lignes anciennes qui reliaient la capitale entre elle. Il fixa un moment le paysage avant que le décor n'affiche le premier arrêt de Welko, celui que l'étudiant attendait. Les portes s'ouvrirent, le laissant partir sans attendre vers ce lieu qu'il connaissait par cœur. Chevauchant sa trottinette il dépassa les escaliers, les mendiants, avant que le spectacle qu'était la cité des rêves ne l'accueille.
Une architecture de verre, d'acier sombre et de panneaux publicitaires géants. Le toit de cristal filtrait les rayons du soleil, se réverbérant dans des kaléidoscopes colorés sur les murs de briques soutenant les différents étages. Des bancs côtoyant une verdure paradisiaque dans le biome mammifères. La cité comportait différent types de quartiers, entre les espèces aquatiques, reptilienne et bien d'autres, même si le tout fut résumé en quatre parties composant le noyau. Un quartier tempéré, celui qu'il fréquentait et favori des humains, un chaud, un froid et un coin submergé. Tout le monde aimait Welko, car il s'agissait de la façade de leur pays, et dans un chauvinisme un peu idiot personne n'osait le critiquer. Reprenant ses pensées le garçon fila vers le premier étage, surplombant l'avenue passante. À cette heure le monde se faisait maigre mais présent, suffisant pour slalomer entre les citoyens. Les odeurs de nourritures lui vinrent aux narines, venant de kiosques colorés proposant des repas et les différents marchands ambulants préparant des merveilles il y en avait pour tous les goûts.
Il rêvait de grignoter une bonne viande de veau s'il le pouvait. Car les espèces habitants Galetha étaient certes animales pour certaines, mais de la branche supérieure. Les versions dites « inférieures » servaient de nourritures pour les plats préparés. Et même si certaines personnes refusaient de déguster un « semblable » la majorité n'en tenait pas compte et préférait consommer un plat comme un autre. Même si l'idée d'une grillade serait à retenir pour le déjeuner. Toutefois l'hybride se reprit en apercevant le « Blue Bird » leur café préféré. Une devanture pâle survolé d'une mésange au col coloré, un intérieur de fauteuils bleu encre contre des tables orange. Un contraste qui flashait les yeux et les habitudes de certains. Marco l'appréciait, abordable et convivial, même si aucune place ne semblait disponible pour lui et son ami. Autant faire dégager un mec lambda, et son attention se porta sur un faon en tenue civile sirotant un smoothie. Une taille marquée, un visage rivé sur un ordinateur hors de prix, des bois de petites tailles. Un gosse de riche, pile le genre de mec qu'il détestait. Alors en s'approchant et s'installant à sa table, attirant son regard d'ambre, il n'imaginait pas le début de bien des soucis.