Merci à Nhaao pour avoir réaliser l'image de couverture, ainsi qu'une deuxième image que je ne peux malheureusement pas affiche sur Fictionpress mais qui est trouvable sur AO3. Merci à ma grande sœur de m'avoir relut pour éviter les fautes, cela aide pas mal quand on est DYS ^^

Bref, j'espère que l'histoire vous plaira.


L'air était froid alors que la soirée tombait sur la campagne britannique. La mer crachait un vent froid et humide sur la plage et la falaise, rendant lentement le ciel gris. Une bâtisse se dressait fièrement sur la falaise, imposante et vieille de plusieurs générations de religieuses et d'étudiants. Haut de trois étages, avec un grenier, le pensionnat était entouré d'un mur, offrant une petite cour agréable pour les jeunes garçons et les religieuses quand le temps était doux.

Le pensionnat était plongé dans une douce esquinte, les jeunes étudiants travaillant dans leurs chambres ou les salles communes en attente du repas du soir. Chess faisait partie de ces élèves, assit dans une salle commune du premier étage. Il étudiait avec passion les grands auteurs philosophes de ses livres, assit sur un fauteuil confortable rouge face à une cheminée éteinte.

Il pouvait voir certains de ses camarades jouer secrètement au poker, pariant des cigarettes et pour les plus chanceux des friandises voir même un carnet ou un petit livre de poche. Le garçon était tenté de les rejoindre, mais avec la tombée de la nuit et l'arrivée d'un vent froid, son livre d'étude et sa place confortable semblaient bien plus attirants.

De tout manière il n'avait pas grand-chose à parier, ses dernières friandises ayant été mangées depuis quelques jours déjà et il préférait garder son argent pour la prochaine sortie en ville du pensionnat.

Alors le garçon attendait simplement l'heure du dîner, observant parfois ses amis remporter une manche.

La vie était généralement calme au pensionnat après tout.

Les jeunes hommes, tout juste sortis de leur adolescence, profitaient des derniers instants de leur jeunesse loin de leur famille et leurs parents généralement aisés. Ils apprenaient beaucoup de choses, comme le latin et le grec, la philosophie ou les mathématiques, le corps humain comme la faune et la flore. C'était le minimum pour faire d'eux de vrais hommes, avec des cours d'économie et d'histoire.

Et tout cela sur le bord de la falaise, dans ce pensionnat géré par plusieurs religieuses qui avaient transformé il y a longtemps un couvent en un lieu d'éducation. La Vierge Noire, ancien lieu de salut pour les marins était devenue le salut de la future génération.

Parfois les élèves étaient emmenés en ville, la ville plutôt moyenne mais agréable de Cramberren. C'étaient des journées sans cours, et chaque garçon était heureux de pouvoir dépenser son argent envoyé par ses parents ou gagné lors de petits travaux dans la campagne voisine.

D'ailleurs ils recevaient parfois des lettres de leur famille, avec des colis et parfois même, ils avaient la chance de recevoir des sucreries et surtout de nouveaux livres, une nouvelle montre à gousset et même parfois de nouveaux habits. Chess parlait peu avec son père mais parfois sa mère lui envoyait en cachette d'agréables surprises.

Morgan avait plus de chance, recevant au moins une fois par mois un colis de sa famille. Cela ne dérangeait pas le jeune homme aux cheveux lavande qui avait souvent la chance de pouvoir partager les cadeaux de son meilleur ami. Cela rendait le temps plus doux entre leurs études et les règles un petit peu strictes de l'établissement.

Une cloche sonna, attirant l'attention soudaine de la salle commune. Le repas du soir était enfin servi, et les étudiants rangèrent leurs livres d'études et les cartes. Le jeune homme se hâtait de ranger ses livres dans sa chambre, perdant quelques minutes face à ses camarades. Son ami Morgan lui réserverait une place, alors Chess pouvait se permettre de prendre son temps pour rejoindre la salle à manger.

Il n'aimait pas vraiment non plus l'agitation quand sonnait l'heure du repas, et il avait peur qu'on lui vole l'un de ses livres durant son absence. Alors Chess préférait perdre un peu de temps pour mettre en sécurité ses affaires avant de prendre le chemin vers la cuisine.

Les longs couloirs de la Vierge Noire avaient un certain charme, avec un parquet bien travaillé recouvert de tapis aux couleurs chaudes. Les murs étaient correctement tapissés malgré l'air humide et salé, avec plusieurs tableaux de grand art et d'anciens élèves.

Chess aurait pu passer des heures à les observer, préférant l'art à certains cours qu'il devait néanmoins pratiquer. Le futur homme n'aimait absolument pas l'économie, selon son avis l'art ou l'histoire étaient bien plus utiles que de savoir parfaitement maîtriser ses coûts et ses dépenses pour obtenir toujours plus.

Hâtant le pas vers la salle à manger du rez-de-chaussée, Chess surprit une conversation dans le hall de l'établissement. Le jeune homme s'arrêta, curieux et un peu surprit de voir la mère supérieure écouter les craintes de sœur Amalia sur un sujet visiblement grave.

"Mère, je m'inquiète pour lui. J'ai peur que cela nous hante toujours !" Continuait sœur Amalia, Chess ayant dut louper le début de leur conversation.

"Le temps passe Amalia, même pour lui. Même pour eux. Nous n'avons rien à craindre de lui, si personne ne l'appelle comme autrefois." Répondit sans hésitation la mère Martha, mettant fin à la conversation entre les deux femmes.

C'était une discussion pour le moins étrange. Chess ne savait pas que le pensionnat avait un ennemi, encore moins un homme capable de provoquer de la crainte chez les religieuses.

Chess pouvait entendre leurs pas s'éloigner, partant vers la dépendance qui abritait les religieuses et leur propre salle à manger. Seule leurs sœurs chargées de la cuisine passaient la soirée en compagnie des professeurs et des jeunes étudiants.

D'ailleurs le jeune homme devait se hâter de rejoindre le dîner, l'idée de passer la nuit l'estomac vide ne lui plaisant pas vraiment. Pour autant, la discussion qu'il avait espionnée malgré lui ne quittait pas son esprit alors qu'il prenait place dans la salle, s'asseyant à l'une des tables.

Le repas n'était heureusement pas encore servit, laissant Chess penseur alors qu'il attendait le plat. C'était surprenant de voir les sœurs inquiètes, et le jeune homme n'aimait pas l'idée d'être en danger au pensionnat, ou pire voir ces religieuses si gentilles avec eux en danger.

Qui pourrait vouloir faire du mal aux femmes de dieux, éduquant les enfants de puissantes familles de la région pour un avenir meilleur, gravé dans les murs anciens du pensionnat ? C'était du moins la bonne image qu'avait La Vierge Noire, et depuis qu'il était ici Chess n'avais pas pu démentir cette réputation.

Après trois ans ici, le jeune homme n'avait plus que cette quatrième année à finir pour être diplômé de cette école respectable. Et il s'était tristement attaché à certaine femme qui rendait le bâtiment moins froid et certaines journées plus plaisantes.

Cela n'expliquait toujours pas qui menacerait ces femmes.

Son attention retomba lentement sur ses compagnons de table. Ses camarades parlaient gaiement, discutant de la prochaine sortie en ville prévue d'ici la fin du mois et des jolies filles. Dans le léger bruit de la salle à manger, leurs conversations semblaient se fondre dans le bruit ambiant.

La salle était grande, avec plusieurs tables bien nappées et alignées avec soin. La cuisine se trouvait au bout, séparée par un mur marqué d'un papier peint soigné et d'un grand tableau représentant la belle campagne britannique et la mer agitée qui avait été peinte il y a déjà une dizaine d'années à quelques kilomètres du pensionnat. Morgan lui avait avoué que le tableau avait été le cadeau d'un ancien élève, un peintre maintenant reconnu dont Chess avait fini par oublier le nom.

Deux religieuses assuraient le service de la cuisine, et une troisième religieuse servant grâce à sa petite chariote le repas aux étudiants affamés. Les professeurs mangeaient dans une salle plus calme dans une dépendance plus petite qui offrait des chambres individuelles aux braves hommes et femmes de sciences. Cela offrait un peu d'intimité aux élèves, malgré le regard parfois strict de certaines religieuses.

Sœur Elisabeth effectuait le service se soir, transportant une grosse marmite de potage de légumes d'automne et le reste du repas alors que les jeunes garçons étudiaient ou discutaient dans un doux bruit agréable et poli. C'était une bonne soirée, cela aurait put être sœur Odile. Cette femme était aussi agréable à vivre qu'une vipère. Elle avait la dernière fois disputé vigoureusement Basile pour avoir parlé avec Robert des filles de brasseries, et renvoyé un autre garçon de table. Les repas étaient avec elle d'un calme angoissant, ou aussi violents qu'une tempête.

C'était le genre de femme à ne pas provoquer, et qui avait dû, avant de venir, ici s'attirer ses problèmes. Cela remettait en lumière la conversation qu'avait surpris Chess.

A coté de lui, Morgan le regardait curieux, mais avec l'arrivée d'une sœur et du repas du soir, Chess lui fit signe que ce n'était rien, souriant juste qu'il avait surprit une étrange conversation. Ce n'était rien de grave et le garçon aux cheveux lavande préféra oublier la conversation, prenant la corbeille de pain que lui tendait le garçon aux cheveux en bataille.

Le repas fut assez calme, Morgan discutait avec un autre garçon, Lucien, de leurs cours de mathématiques autours de leurs assiettes de potage et de pain frais du matin. Chess écoutait seulement d'une oreille, laissant de temps en temps une réponse sortir de ses lèvres quand ses deux amis abordèrent la question sur la constante de Planck, que leur professeur avait simplement évoqué, intriguant ses élèves sans développer d'avantage.

Et alors que le repas touchait à sa fin, laissant les élèves retourner dans leurs chambres ou salles communes, Morgan fut tout autant surprit que lui de voir un groupe de premières années courir vers l'une des salles de l'étages, une étrange planche peinte et sculptée entre leurs mains.

Ce n'était pas la première fois que les deux jeunes hommes surprenaient des étudiants avec ces planches, permettant de jouer avec des esprits ou des morts. Morgan souffla en voyant le groupe partir, jugeant le jeu idiot en plus d'ennuyant.

Chess ne pouvait qu'être d'accord, ne comprenant pas vraiment le succès d'un jeu qui n'avait ni gagnant, ni perdant. Mais ils ne pouvaient rien faire alors les deux garçons montèrent dans leur chambre, fatigués de la journée et du vent qui avait fini par attirer de gros nuages gris au-dessus du pensionnat.